mardi 6 octobre 2009

Billets sponsorisés, cadeaux... Les blogueurs américains menacés d'une amende de 11.000 dollars s'ils ne sont pas transparents



REVUE DE WEB - Atteinte à la liberté de poster ou régulation salutaire, le débat fait rage autour des nouvelles règles publiées par une agence gouvernementale...

De notre correspondant à Los Angeles

C'est un débat aussi vieux qu'Internet ou presque: faut-il forcer les blogueurs à respecter des règles de bonne conduite. Lundi, la FTC (Federal Trade Commission, une agence gouvernementale indépendante notamment chargée de protéger le consommateur) a répondu par l'affirmative en publiant une mise à jour de 81 pages de son guide sur «l'usage du témoignage et du parrainage dans la publicité». Le point central de la portion consacrée aux blogs et aux réseaux sociaux: les blogueurs s'exposent à une amende de 11.000 dollars par billet s'ils ne mentionnent pas clairement

* leur affiliation à une industrie ou une compagnie liée à leur post
* le fait qu'ils ont reçu des produits en cadeaux
* ou carrément qu'ils ont été payés pour poster


Des régulations gouvernementales mal accueillies

«La FTC veut réguler notre parole», tonne Jeff Jarvis (ancien journaliste et blogueur). L'auteur du bestseller What would Google do? voit dans ce document «un monument aux conséquences non connues, aux dangers cachés et aux assomptions dangereuses». Pour l'expert –qui précise abhorrer la pratique du payé-pour-poster et être partisan de la transparence sur les affiliations– Internet «n'est pas un média mais un espace où les gens discutent». Par conséquent, «le gouvernement n'a rien à y faire».

Même son de cloche du côté de The Inquisitr, irrité du double standard auquel sont tenus les journaux et les blogs: «Quand avez-vous entendu un critique ciné préciser qu'il a été invité à une projection ou des journalistes high tech mentionner qu'ils reçoivent gratuitement du matériel?». Et de dénoncer les abus, notamment dans les pages tourismes des magazines, malgré une charte déontologique à laquelle les journalistes sont soumis. «Pourquoi la presse ne devrait-elle pas être concernée par les règles de la FTC?», s'énerve The Inquisitr.

Pas applicable

D'autres sont plus mesurés. Le journaliste Dan Gillmor, auteur de We the media, juge le but «louable», mais «inapplicable en pratique». Comme pour lui donner raison, la FTC reconnaît sur Cnet «ne pas avoir les moyens pour surveiller 500.000 blogs ou même 1.000. Mais si quelqu'un nous signale une violation, nous pourrions regarder au cas par cas», explique l'agence.. Dan Gillmor ironise: «Voilà qui va donner du boulot aux avocats spécialistes du premier amendement» (qui précise que «le Congrès ne doit créer aucune loi qui entrave la liberté d'expression»).

Les règles concernant également les réseaux sociaux comme Facebook ou Twitter, beaucoup demandent comment préciser ses affiliations dans des tweets de 140 signes.

L'éminent blogueur Louis Gray en est, lui, persuadé, les nouvelles règles de la FTC auront «peu d'impact». Selon lui, l'agence a «de plus gros poissons à poursuivre que la maman blogueuse». Il conclut, à propos des blogueurs: «les honnêtes resteront honnêtes, les mauvais, mauvais.» A chacun de faire son tri.

Philippe Berry.

Des téléviseurs 3D dès l'an prochain


Les grands noms de l'électronique japonais se préparent à lancer l'an prochain des téléviseurs à écran plat capables de diffuser des films et jeux vidéo en trois dimensions.

Tous les principaux fabricants d'appareils électroniques ont présenté des prototypes de téléviseurs 3D au salon de l'électronique Ceatec, qui s'est ouvert mardi près de Tokyo. Les visiteurs du salon ont ainsi pu regarder des images en trois dimensions à l'aide de lunettes électroniques spéciales.

Sony et Panasonic ont toutes deux indiqué qu'elles lanceraient leurs premiers modèles l'an prochain. Peu de détails ont été révélés quant au contenu qu'il sera possible de regarder sur de tels téléviseurs, mais les deux entreprises ont précisé qu'elles souhaitaient commencer par des films et des jeux.

D'autres entreprises, comme Sharp, ont présenté au salon un prototype de téléviseur 3D, mais préfèrent attendre que plus de contenu soit disponible pour ce type d'appareils avant de fixer une date de lancement.

Le syndrome du Titanic


Le syndrome du Titanic, film de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre, sort ce mercredi sur les écrans. Plaidoyer écologiste doublée d'une critique de l'hyperconsommation, ce film décrit comment le pillage de la planète s’opère au profit d’un petit nombre.

On ne sort pas indemne du film de Nicolas Hulot et Jean-Albert Lièvre. «C’est davantage un appel à la raison et un acte politique qu'un documentaire sur la crise écologique» disent les auteurs. 90% des images ont été tournées dans des villes et la «belle nature sauvage» en est la grande absente... Rien à voir avec Home, le film de Yann Arthus Bertrand.

Ici, des hommes, des hommes et encore des hommes. Grouillant dans des mégalopoles saturées d’éclairage, gavés de publicité, de biens de consommation. Mais aussi s’entassant dans des bidonvilles où tout vient à manquer l’eau, l’électricité, la nourriture, les soins. Déjà vu ? Jamais comme cela…

Lièvre et Hulot ont privilégié les plans fixes et larges qui permettent de voir la réalité humaine bien en face, et surtout, fait des montages saisissants. Ces files d’urbains qui dorment sur les trottoirs de Tokyo et de Los Angeles, qu’attendent-ils, qu’espèrent ils? La sortie du nouvel I-Phone, pardi! Hystérie, déferlement de joie pure à l’ouverture du magasin où quelques consommateurs «élus» entrent sous les applaudissements. Et l’on bascule en Afrique, où de très jeunes gens, des enfants désossent péniblement nos gadgets électroniques –ces mobiles, ordinateurs, obsolètes à peine achetés- soit des monceaux de déchets, bourrés de composés toxiques. On voit encore ces montagnes que l’on râpe et décapite pour chercher les précieux minerais indispensables à la fabrication des batteries de nos «jouets». La ressource, on le comprend clairement, est surexploitée et très mal partagée.

Dans ce film, le souci écologiste rejoint le propos tiers-mondiste, plus que jamais d’actualité puisqu’après deux siècles de «progrès» et des décennies de libéralisme débridé, les inégalités perdurent et parfois s’aggravent. Notre addiction à la consommation s’étale avec indécence, elle qui alimente le pillage de la planète au profit d’un petit nombre…Une planète aux ressources pourtant limitées, et qui montre déjà des signes d’épuisement.

Pourtant, à moins de montrer l’exemple, on ne pourra pas empêcher les pays pauvres de copier notre mode de développement effréné. Une scène, hallucinante en témoigne: celle d’une grand messe réunissant des milliers de fidèles de l’église des Winners en Afrique: «Jésus est mort, clame le pasteur à la foule vibrante et dansante, et il a dit : en attendant mon retour, faites du business» !

«Je ne suis pas né écologiste, je le suis devenu, commente Nicolas Hulot sur un ton un brin prophétique. Le modèle économique dominant n’est plus la solution mais bien le problème. Je suis un enfant de la société de consommation, moi aussi. Je dois avancer pas à pas vers plus de cohérence, jusqu’où suis-je prêt à aller dans le choix, le renoncement?»

On peut avoir des préventions envers Hulot, son passé d’animateur télé, ses riches mécènes-qui doivent être bien embarrassés de voir le modèle capitaliste si clairement dénoncé- mais le message sonne juste. Ses avertissements aussi : car notre monde d’hyper-communication –connecté, relié, expliqué, imagé- n’a pas fait que jeter des ponts entre les hommes… Aujourd’hui, tous les pays pauvres ont à la fois dans l’oreille notre discours sur la prochaine pénurie et la menace climatique et sous les yeux les images de notre opulence outrancière. De sorte prévient Hulot, «qu’à l’exclusion des uns est venu s’ajouter un élément intenable et explosif : l’humiliation».

Histoire d’un titre :
«Le film reprend le titre du livre écrit en 2004. Il évoque l’attitude des passagers du célèbre paquebot qui continuaient à danser et festoyer sans réaliser la proximité de l’iceberg fatal. Autrement dit, si nous ne changeons pas de direction, nous courrons à la catastrophe. Je dirais même que le scepticisme résiduel que j’observe encore chez certains à l’égard du changement climatique, revient à naviguer avec un bandeau sur les yeux par temps de brouillard, à fond les manettes dans une mer parsemée d’icebergs… Le paquebot sur lequel nous sommes tous embarqués, c’est la planète Terre. Et nous n’en avons qu’une». Nicolas Hulot.

Rachel Mulot
Sciences-et-Avenir.com
06/10/09